الجمعة، 14 نوفمبر 2008

راي حر - النقابي الجامعي نورالدين الورتتاني

Tunis le 13 Novembre 2008

Le projet d´accord sur les augmentations spécifiques des salaires proposé au secteur de l´Enseignement Supérieur est un « marché de dupes » et un « cadeau empoisonné » qui vise à provoquer une cession au sein du Syndicat National et porter « le coup de grâce » au travail syndical dans le secteur

Par : OUERTATANI Noureddine, Secrétaire Général du Syndicat de Base des Enseignants Chercheurs Universitaires à Nabeul

Après près de dix ans de luttes et de répressions terribles subies par les syndicalistes du secteur de l´Enseignement Supérieur pour obtenir des augmentations spécifiques dans les salaires qui leur permettraient de pallier à la perte de leur pouvoir d´achat, le Ministère de tutelle vient de proposer au secteur un projet d´accord qui leur accorde, en termes brut ou avant impôts, une enveloppe de 9,5 milliards de millimes sur trois ans. Le projet propose aussi, pour mieux économiser les fonds déboursés, une répartition très inégalitaire, et jamais vue dans l´histoire du secteur, dont le résultat, toujours en termes brut et selon l´article paru aujourd´hui, le 13 Novembre 2008, dans l´hebdomadaire « Echourouk », est le suivant :

1) Pour les enseignants du « collège A » :

- Une prime de 122 dinars, répartis sur trois ans, pour les Professeurs,

- Une prime de 100 dinars, répartis sur trois ans, pour les Maîtres de Conférences,

2) Pour les enseignants du « collège B » :

- Une prime de 70 dinars, répartis sur trois ans, pour les Maîtres Assistants,

- Une prime de 30 dinars, répartis sur trois ans, pour les Assistants,

Ce projet d´accord suscite de ma part, pour le moment, les commentaires et remarques suivantes que je veux, tout simplement, émettre auprès de mes collègues de l'enseignement supérieur :

1) Le secteur demande, depuis bientôt 10 ans, une augmentation spécifique d´au moins 350 dinars, en termes net, pour pallier à la baisse dramatique de son pouvoir d´achat et refuse toute tentative d´augmenter en contre partie son volume de travail.

2) Le Ministère de tutelle a déjà mis le secteur devant le fait accomplie en adoptant d´une manière unilatérale des lois, surtout dans le cadre du passage au système de « l´LMD », multipliant le volume horaire des enseignants par deux sinon par trois.

3) La signature de ce projet d´accord de la part du Bureau National de la Fédération Générale de l´Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique signifierait, tout simplement, que nous avant mené des luttes de prés de dix ans pour appuyer nos revendications légitimes, résister à la répression, subi tout azimut par le secteur mais surtout par les enseignants du « collège B », détrôner, après une confrontation terrible, l´ancien Bureau National illégitime pour avoir signé contre la volonté du secteur un accord liant l´augmentation spécifique des salaires des enseignants chercheurs qui, au passage et pour être honnête, était sensiblement importante et a contribué à empêcher une dégradation plus importante du pouvoir d´achat des enseignants du secteur, à l´augmentation du volume horaire de leur travail allant de deux heures pour les Assistants jusqu´à une heure pour les Professeurs, pour accepter, dix ans après, un nouveau accord qui multiplie notre charge de travail par deux ou trois contre « une bouchée de pain » !!. Certains ne manqueraient pas de crier à la « trahison » et on est certains qu´ils ne seraient pas uniquement issus des rangs de nos contradicteurs qui le feraient à dessein pour provoquer une cession au sein des syndicalistes du secteur et pour rendre service au pouvoir.

3) Le secteur, dont la plupart des cadres syndicaux appartiennent au « collège B » (Assistants et Maîtres Assistants), mène depuis, près de 10 ans, un combat acharné pour réaliser ses revendications et subi une répression terrible de la part du Ministère de tutelle dont les victimes sont essentiellement des enseignants du collège « B ».

4) Les augmentations spécifiques des salaires sont des augmentations dont le but est de rattraper la perte du pouvoir d´achat d´un secteur et elles doivent être partagées équitablement entre les différents grades du secteur d´autant plus que la signature de cet accord priverait le secteur du droit de revendiquer des augmentations spécifiques pour au moins une décennie ou quinze ans.

5) Vu le nombre faible des enseignants du « collège A » (Maîtres de Conférences et Professeurs), seul le pouvoir a intérêt dans une répartition très inégalitaire et favorisant le « collège A » car il y gagnerait doublement :

- il payerait moins...

- il diviserait le secteur en deux et provoquerait soit une cession au sein de la Fédération Générale de l´Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique soit une perte de la crédibilité du Bureau National et une démission du travail syndical de la part des enseignants du « collège B » dont les cadres syndicaux de leur rang sont majoritaires dans le secteur et qui ont payé la plus grande tribut au cours des luttes menées au cours de la décennie écoulée et surtout depuis la grève administrative sans parler des pertes qu´ils s´apprêtent à subir avec l´adoption unilatérale, de la part du Ministère de tutelle, du nouveau statut des enseignants chercheurs de l´université tunisienne.

6) Les coutumes respectées par la centrale syndicale, jusqu´à maintenant, consistaient à n´impliquer dans les négociations sur les augmentations spécifiques, qui ont lieu régulièrement et chaque trois ans, que 3 à 4 secteurs parmi ceux qui n´ont pas obtenu une augmentation de ce genre depuis au moins dix ans et qui mènent une lutte pour ce genre de revendications depuis longtemps, ce qui permet de leur assurer, plus au moins, un bon pactole. Or, il se fait que, pour des raisons qu´on ignorera pour le moment, que l´UGTT vient à la dernière minute de sacrifier les luttes et sacrifices des secteurs de l´Enseignement Supérieur, des Médecins Universitaires, des Médecins et Pharmaciens de la Santé Publique et du Personnel de la Santé Publique qui ont mené des luttes acharnées depuis des années pour obtenir ce type d´augmentations, pour introduire 5 ou 6 autres secteurs dont personne n´a entendu ni qu´ils avaient ce genre de revendications ni qu´ils ont mené des luttes pour les appuyer. Au total, le pactole est moins important que d´habitude et le nombre de prétendants a été augmenté anormalement pour rendre la part de chacun dérisoire ce qui s´est traduit par une lutte sans merci entre les syndicats des différents secteurs pour avoir une plus grande part du gâteau à l´heure où il fallait consolider l´unité et la solidarité en perspective des luttes du futur proche. L´une des conséquences de cette déviation des énergies des syndicalistes vers des luttes internes et fratricides, en vu de se partager des miettes au lieu de conjuguer leurs efforts pour augmenter la part, qui leur revient de droit, dans la richesse nationale qui est en croissance grâce à leur efforts, est la démission collective du Bureau National de la Fédération Générale de la Santé suite au rejet de leur requête pour obtenir une réunion de leur conseil administratif pour y débattre du partage de l´enveloppe globale des augmentations spécifiques entre les secteur qu´il juge injuste à l´égard de son secteur. Si cette décision se confirme et persiste, ceux qui parient sur la division des composantes de l´UGTT pour mieux régner et pour veiller à leurs intérêts vont assumer la responsabilité historique de l´éclatement de la Centrale Syndicale.

Finalement, Le projet d´accord sur les augmentations spécifiques des salaires proposé au secteur de l´Enseignement Supérieur est un « marché de dupes » et un « cadeau empoisonné » qui vise à provoquer une cession au sein du Syndicat National du secteur et porter « le coup de grâce » au travail syndical dans le secteur. Notre Bureau National est mis devant une épreuve très rude et toute action menée sans une large concertation approfondie et préalable, non seulement avec les instances légitimes de prise de décision au sein du secteur mais aussi avec la masse des adhérents à l´UGTT dans le secteur, risquerait d´ébranler définitivement la confiance de ces derniers dans un travail syndical en récession depuis des années et qui, désormais, apporte son lot de sacrifices quasiment sans contre partie.

L´affaire des responsables syndicaux traduits devant les conseils de discipline, sur la base de dossiers fabriqués de toute pièce et à cause de leurs activité syndicale, et lourdement sanctionnés et l´ajournement à plusieurs reprises du conseil des cadres, dont la date de la session normale et régulière est maintenant dépassée de prés de deux mois (il aurait du se réunir le 08 septembre sinon avant en session extraordinaire pour défendre le droit syndical), est présente à l´esprit des adhérents et des responsables syndicaux, qui risquent de voir en cela un « abandon à leur sort » de ces militants ciblés par les détracteurs du travail syndical, et qui n´ignorent pas, par ailleurs, l´ampleur de la répression subi par tout le secteur et le nombre de dossiers portant sur le déni du droit syndical, l´atteinte aux libertés syndicales, le refus d´honorer les engagements internationaux de notre pays, signataire de la convention internationale N° 135, en matière de protection des responsables syndicaux, et les tentatives d´intimidation des adhérents aux syndicats par l´atteinte illégitime aux intérêts et aux droits de tous ceux observent les grèves décrétées par la FGESRS ou continuent, tout simplement, à être présents dans les assemblés générales de leurs syndicats.

Si l´ajournement de la réunion du conseil sectoriel avait jusqu´à maintenant un semblant de sens comme mesure tactique visant à éviter de déclencher des grèves et de choisir délibérément la confrontation et l´escalade avec le Ministère de tutelle en un moment où on continuait à entretenir l´espoir de le voir agir d´une manière plus responsable en nous consentant une augmentation spécifique à la mesure de nos espoirs et de la dégradation de notre pouvoir d´achat et de l´augmentation de notre charge de travail qui découle du passage forcée au système « LMD », et où on espérait le voir répondre positivement à la requête du Secrétaire Général de l´UGTT auprès du Premier Ministre en revenant sur les sanctions injustes à l´égard des responsables syndicaux, les dernières mesures prises contre ces mêmes responsables syndicaux (nouveau questionnaire arbitraire pour le SG du SB des Enseignants Chercheurs de Nabeul et nouvelle décision visant à empêcher l´activiste syndical de la Faculté de Pharmacie de Monastir d´accéder aux bureaux de sa faculté et de voir les étudiants qu´il encadre) et la « bouché de pain » proposée en guise d´augmentation spécifique pour le secteur après prés de dix ans de luttes, d´attentes et d´espoirs déçus font disparaitre tout espoir d´entente honorable et préservant les intérêts du secteur et imposent au Bureau National de revenir immédiatement au conseil sectoriel pour décider des mesures à adopter pour protéger ses intérêts et ses militants et pour défendre les droits et libertés syndicales sans lesquels le travail syndical risque d´être durablement éradiqué du secteur.

OUERTATANI Noureddine, Secrétaire Général du Syndicat de Base des Enseignants Chercheurs Universitaires à Nabeul

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